Hygienne
Posté le 19/03/2020
Coronavirus : Grossesse, pilule… Comment s’organise le suivi gynécologique des femmes pendant le confinement ?
SANTE Les gynécologues obstétriciens s’organisent pour assurer le suivi médical de leurs patientes, notamment les femmes enceintes
- Alors que l’épidémie de coronavirus progresse et que la France est placée en confinement, les gynécologues restent mobilisés pour assurer le suivi de leurs patientes.
- De nombreuses précautions sanitaires sont observées pour garantir leur accueil en toute sécurité.
- Mais les gynécologues redoutent que la pénurie de masques de protection ne les oblige à cesser leurs consultations.
La France au ralenti. Alors que des millions de Françaises et de Français sont confinés à la maison, télétravaillent ou font l’école à leurs enfants, certains doivent continuer à se rendre sur leur lieu de travail. C’est notamment le cas des professions médicales, dont les gynécologues, qui s’adaptent pour assurer le suivi de leurs patientes tout en respectant les précautions sanitaires.
« Nous sommes disponibles pour nos patientes afin d’assurer la permanence des soins et soulager les urgences hospitalières qui sont réorientées vers la lutte contre le coronavirus – Covid-19 », assure ce mercredi la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM). En pratique, plusieurs ajustements sont nécessaires.
Réorganisation dans les cabinets et téléconsultation privilégiée
En médecine de ville comme à l’hôpital, l’heure est à la réorganisation. Au diapason, la FNCGM et le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) rappellent que « les consultations non urgentes sont à reconsidérer » et recommandent de « décaler les examens simples type frottis et consultations de routine, et privilégier pour celles-ci la téléconsultation ou les rendez-vous téléphoniques ». « J’ai annulé toutes mes consultations non-urgentes des quinze prochains jours, confirme le Dr Michèle Scheffler, gynécologue à Nancy. Nous avons proposé à nos patientes de les reporter ultérieurement, quand l’épidémie sera derrière nous. Et à celles pour qui c’est nécessaire, nous proposons la téléconsultation : je m’y suis mise il y a trois jours. Il faut un petit temps d’adaptation, mais les patientes sont satisfaites. Elles ne se sentent pas abandonnées et à la fin, elles ont les réponses à leurs questions et une prescription pour le traitement dont elles ont besoin ».
A Paris, Aurélie avait un rendez-vous prévu ce mercredi matin pour une consultation de suivi, afin de renouveler ses traitements. Si la consultation a bien eu lieu à l’heure prévue, elle ne s’est pas en revanche pas déroulée dans le bureau de la praticienne. « Je l’ai vue par téléconsultation, via le site Consulib, explique la jeune femme. Ma gynécologue m’a prévenue que pour mon motif de consultation, la téléconsultation était privilégiée. Ça s’est très bien passé : c’est pratique, et j’ai eu mon ordonnance en ligne ».
De nombreuses mesures de protections sanitaires pour les consultations physiques
Pour les patientes qui doivent être examinées, la consultation physique reste possible. Mais de nombreuses mesures de protection doivent être respectées. Ainsi, le Syngof conseille aux gynécologues de « contacter les patientes avant leur rendez-vous pour s’assurer qu’elles ne présentent pas de symptômes du COVID-19 » et « d’espacer les rendez-vous pour que les patientes ne se croisent pas dans le cabinet ». Ces dernières sont priées de « venir seules au cabinet, sans accompagnant et sans enfant », prescrit aussi la FNCGM. « Ma salle d’attente est fermée, et les patientes rentrent une par une au cabinet », indique le Dr Scheffler.
Côté hygiène, rien n’est laissé au hasard. « En plus des recommandations d’usage (gel hydroalcoolique, savon, lavage des mains entre chaque patiente), vous (et votre personnel) devez porter obligatoirement des gants et des masques », insiste le Syngof. Dans son cabinet, le Dr Scheffler « porte systématiquement un masque. Je me lave quatre à six fois les mains au gel hydroalcoolique à chaque consultation, et chaque patiente doit aussi le faire en arrivant au cabinet ».
Et parce que des urgences gynécologiques peuvent se présenter, le Dr Scheffler veille à ce que chaque patiente soit prise en charge. « Si lors de l’appel téléphonique précédant la consultation, une patiente présente les symptômes du Covid-A9, nous la réorientons vers le Samu pour qu’elle soit soignée dans les meilleures conditions. Et si une patiente a simplement un peu de fièvre, nous la recevons et lui donnons un masque de protection ». A l’issue de chaque consultation, « la salle d’examen est scrupuleusement désinfectée avec des produits bactéricides et virucides », précise la gynécologue.
Assurer un suivi normal pour les femmes enceintes et les patientes aux besoins urgents
L’objectif est donc d’assurer la continuité des soins et de permettre aux femmes enceintes et aux patientes en urgence gynécologique de pouvoir être prises en charge en toute sécurité. « Les femmes enceintes seront suivies à la date prévue », et les « trois échographies de grossesse » seront maintenues, rassure le Syngof face aux questionnements de futures mères inquiètes.
« Nous, gynécologues de ville, sommes aussi là pour prendre en charge en première intention les urgences gynécologiques, afin de soulager les urgences des hôpitaux, souligne le Dr Michèle Scheffler. IVG, début de grossesse avec saignements, douleurs ou encore découverte d’un cancer gynécologique font partie des cas urgents pour lesquels nous allons évidemment continuer à recevoir nos patientes ».
Et pour celles qui s’inquiètent de ne pas obtenir de rendez-vous pour renouveler leur ordonnance de pilule contraceptive, le gouvernement a assuré ce mercredi qu’une ancienne ordonnance suffisait en pharmacie.